Qu’est-ce que l’euphémisme?

L’euphémisme, cet inconnu

Jeunes étudiants, vieux étudiants, dilettantes de la poésie ou amateurs de la figure de style, Littéraire Déchu se fait aujourd’hui un plaisir de vous apprendre, une bonne fois pour toutes, ce qu’est l’euphémisme, cette figure de style qui nous échappe encore.

Origine

Les premières traces d’utilisation de l’euphémisme remontent à la cité grecque de Byzance, au deuxième siècle après Jésus Christ, quand Septime Sévère, marchant sur les ruines de la cité qu’il venait d’assiéger durant 2 années (ou 3, selon les historiens), se retourne vers se troupes et s’exclame, en se prenant le ventre à deux mains, « Ouain ben, en tout cas, cette ville a déjà connu de meilleurs jours! », créant ainsi une figure de style qui amoindrissait la vision d’horreur de mort, de sang et de soldats qui courent après des Byzantines avec la Byzance à l’air. Ces propos sont longtemps demeurés dans la tradition orale avant d’être finalement mis à l’écrit par le poète post-homérique Quintus de Smyrne, qui étonnemment possède sa propre page Wikipedia malgré son nom de marde.

L’euphémisme, une définition CLAIRE

L’euphémisme est une figure de pensée qui emploie un mot ou une expression pour adoucir une idée désagréable, brutale, triste, déplaisante ou généralement sombre.

L’euphémisme, une définition MOINS CLAIRE

L’euphémisme est souvent employé pour demeurer politically correct, par exemple, on pourrait dire de quelqu’un qui vit avec une déficience intellectuelle qu’il voit la vie différemment, alors que quelqu’un qui ne connaît pas l’euphémisme serait tenté d’employer des mots moins jolis, ou carrément insultants. On l’utilise également pour mieux faire passer la pilule, comme dans le cas d’un congédiement. On dit qu’on remercie la personne, alors que dans le fond on la met douwors, qu’on la « crisse à la porte » ou même qu’on la termine, si on veut s’en tenir à la terminologie ressources humaines/Arnold Schwarzenegger.

L’euphémisme, au fond, est une façon de s’éviter beaucoup de trouble en cachant subtilement la vérité ou, du moins, en altérant de façon assez significative le signifiant pour qu’il devienne plus doux, sans toutefois aller trop loin et complètement en amputer son signifié. Prenons exemple sur les deux extraits suivants, tirés de la dramaturgie contemporaine « Serge et ses devoirs. » (Flammarion, 2004). Le premier fait état d’un euphémisme utilisé correctement, puisqu’il renvoie à un signifié bien connu. Le second… not so much.

PAUL: Oui, j’ai aidé Pierre-Luc à faire ses devoirs, aujourd’hui. Je lui ai demandé de me payer en nature.

SIMON: Héhé! (DIDASCALIE: Il hoche la tête, sournois et complice, puisqu’il comprend ce que PAUL signifie grâce à son emploi maîtrisé d’un euphémisme.)

Par opposition à ceci.

PAUL: Oui, j’ai aidé Pierre-Luc à faire ses devoirs, aujourd’hui. Je lui ai demandé de me renvoyer la pareille à la manière des bolcheviques.

SIMON: TON EUPHÉMISME M’ÉCHAPPE PUISQUE JE NE COMPRENDS PAS LE RÉFÉRENT TROP NICHÉ QUE TU UTILISES ARRÊTE DE ME FAIRE DES CLINS D’OEILS CALISSE.

L’annonce de la mort de Fido, sans et avec euphémisme

Sanseuphemisme

aveceuphemisme

À ne pas confondre avec la litote

L’euphémisme et la litote sont des figures souvent confondues à cause de leur similitudes. Pourtant, il n’en est rien. L’euphémisme fait véritablement figure d’atténuation alors que la litote atténue pour mieux accentuer la force d’une idée. Par exemple, prenons un cas où l’euphémisme est toujours utile, c’est à dire lors de la constatation de la laideur d’un enfant qui nous est présenté.

Euphémisme: C’est un enfant aux traits particuliers, un vrai petit diable!  (Lire: Votre enfant a l’air du démon, mais j’ai viré ça d’une manière cute. Je vous prie de le retirer des mes bras.)

Litote: Ce n’est pas le plus bel enfant qui soit, hein? (Lire: Sacrament, achetez-lui un masque quelqu’un.)

D’autres styles d’euphémismes

L’euphémisme phonétique: Modification de la sonorité, troncation des mots, emploi de verlan ou ajout de syllabes pour créer l’effet voulu.

« Christ…ophe Colomb! » pour ne pas dire « Christ. » (surtout employé par les mamans nouvellement riches ou faux bourgeois)

« Taaaaa… » pour ne pas compléter avec un « bernacle » ou « barnak » bien senti, que vous soyez prêtre ou fidèle de la région de Sorel.

« Tabarouette! », qui ne fait pas référence à l’outil de prédilection de ceux qui veulent transporter des briques sur un champ de construction sans avoir à le faire à la force de leurs bras et la sueur de leur front uniquement, mais qui renvoie effectivement au « tabernacle », pour les initiés.

L’euphémisme argotique:

Dire une « graine » ou un « shaft » plutôt qu’un « pénis« , par exemple, ou encore dire que Paul et Marie ont « fait l’amour » alors qu’ils ont baisé violemment sur le tapis et que la trace des ongles de Marie sont toujours visibles sur le cou de Paul le lendemain matin, le forçant ainsi à porter un foulard lorsqu’il enseigne les bonnes manières aux enfants de sa classe de maternelle.

– En bref –
L’euphémisme est une manière polie de dire quelque chose qui ne l’est pas, ou encore d’atténuer la caravane de rebuts corporels (euphémisme pour « char de marde ») que vous pourriez recevoir en n’altérant pas la vérité

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *